Docks Saint-Ouen réunion 19 novembre : Haro sur les Tours

21 novembre 2009

Docks Saint-Ouen réunion 19 novembre : Haro sur les Tours

"Haro sur le projet des tours aux Docks de Saint-Ouen", tel est le titre de l'article du Parisien (édition Seine-Saint-Denis) publié ce samedi 21 novembre 2009, suite à la réunion publique organisée par la mairie jeudi 19 novembre de 19h à 22h30, lors de laquelle ACQSO était bien sûr présente.

Jeudi soir, Jacqueline Rouillon la maire de Saint-Ouen, Paul Planque son maire-adjoint à l'urbanisme et cheville ouvrière du projet Docks, ainsi que les deux architectes Paul Chemetov et Makan Rafatdjou (le seul missionné sur ce projet) ont essuyé des salves de reproches et protestations.

Le débat a passionné la salle, remplie par plus de 150 personnes, rythmée par de très nombreuses prises deparoles, de jeunes et moins jeunes, d'anciens et nouveaux habitants, avec des mots d'ordre communs.

« Nous ne voulons pas d'un ghetto-quartier », malin jeu de mot avec l'éco-quartier "vendu" par la mairie dans ses plaquettes de présentations..

« Avec la réforme de la taxe professionnelle (60% des recettes de la ville), qui va payer le projet des Docks, les Audoniens ? »
Alors qu'il y aurait tant à faire dans les nombreuses dents creuses et copropriétés dégradées de la ville. Sans oublier que seuls 30% des habitants de Saint-Ouen sont imposables.

Toute la soirée, les critiques ont fusé :

« A l’heure où les villes détruisent les tours d’immeubles, comment peut-on accepter de voir s’ériger 14 tours de 17 étages regroupées dans un même lieu ? Dites-nous comment les gens vont tenir dans cette ambiance ? ».

« C’est le futur quartier de la drogue ! »

Les transports seront insuffisants et ingérables, entre la Ligne 13 sur-saturé et la Ligne 14 prolongée seulement en 2017 ».

« A deux pas de l’incinérateur de déchets, alors qu’on nous parle d’écologie ».

Des jeunes de la Cité Arago près du RERC, celle là même où 2 jeunes sont décédés dans une fusillade il y a quelques semaines, ont témoigné. En particulier, un garçon de 26 ans, très ému : « Non, Madame, on ne vit pas bien dans des immeubles qui dépassent les cinq étages. On ne vit pas bien dans des tours. Aujourd’hui, je fais partie des jeunes qui flippent de la vie que vous nous dessinez. Les Docks, c’est le futur quartier de la drogue, de la violence, de l’économie souterraine. »

Une autre jeune fille, toujours du quartier Arago, a trouvé les mots justes pour interpeller les élus : « On vous a énoncé nos insatisfactions, maintenant c’est à vous de les prendre en compte ».

La soirée s'est achevée vers 22h30, dans le brouhaha et la colère des éclats de voix.
Les élus de la majorité municipale PC-PS vont-ils enfin prendre en compte les remarques des habitants ?

ACQSO, qui intervient au Pôle Citoyen des Docks depuis près de 3 ans, a formulé des propositions, des demandes (cf. rubrique Docks de notre site), restées malheureusement sans réponses précises, aussi bien sur le schéma directeur des Docks, que sur la publication des études de pollution des sols, en passant la gestion des logements sociaux affectés à la ville de Paris dans les futures tours : 40% ou 60%, attribués sur quels critères ? Entretenus par qui ? Pour qui ?

La tension entre les élus de Saint-Ouen a également marqué la soirée. Les socialistes ont montré leur mécontentement et sont partis volontairement ensemble en "délégation" avant le fin de réunion.
Tiziana Zumbo-Vital, du groupe Modem, a tenu a rappelé le chiffre exorbitant de 88 millions d'euros prévus pour dépolluer les sols, souillés par plus d'un siècle d'industrialisation massive (Pyralène, hydrocarbures, amiante...). Ce budget prévisionnel sera-t-il suffisant ?

Ne vaut-il pas mieux utiliser cet argent autrement ? Agrandir les espaces verts déjà prévus dans le futur quartier Docks, et de toute façon insuffisants, eut égard au ratio actuel de 3 Ha d'espaces verts par habitant, pour une ville de 43 000 habitants, sans les Docks, qui devraient contribuer à créer 10 000 emplois et 9 2 000 habitants supplémentaires d'ici 10 ans.

Mamadou Keita, du Groupe d'opposition de gauche "Ensemble pour Saint-Ouen", a exhorté la majorité municipale a prendre en compte les avis des habitants, à organiser une véritable concertation publique et citoyenne, auprès de tous les habitants, quelle que soit leurs cultures, leur convictions et leurs modes de communication.

Pourquoi pas un questionnaire dans le Magazine municipal ? Telle est la proposition d'ACQSO, déjà formulée à plusieurs reprises. C'est le support le plus largement diffusé et lu dans la ville ?
Ce questionnaire pourrait symboliser un premier pas d'écoute et de prise en compte des souhaits des habitants.

A quand également, un site web dédié aux projet Docks, avec commentaires ouverts façon blog, comme le mettent en place d'autres Mairie sur d'autres projets d'urbanisme d'envergure ?
En attendant, afin de disposer de toutes les infos sur le projet et pour pallier au déficit d'espace citoyen, ACQSO a créé un nouveau site dédié au projet Docks : cliquez ici.

Ce jeudi 19 novembre, les habitants-citoyens ont pris la parole, quelles que soient les étiquettes et les querelles de clocher. Jeudi soir donc, il y a eu consensus contre le projet dans sa définition actuelle.
La mairie de Saint-Ouen va-t-elle enfin l'entendre et mettre en œuvre des propositions concrètes d'évolution du projet Docks ?

Les Audoniens-citoyens attendent. Leurs prises de paroles sont en marche et relayées par les médias ! Première grande bataille gagnée !

@suivre donc. Compter sur ACQSO pour vous tenir informés !

Rédigé le 21 novembre 2009 dans Qualité environnement, Qualité transports, Qualité urbanisme, Quartier Docks Saint-Ouen, Revue de presse | Lien permanent

Balises: 93, banlieue, citoyenneté, Docks saint-ouen, ghetto urbain, grand paris, incinérateur de déchets, makan rafatdjou, paul chemetov, sequano aménagement, tours, violences urbaines, éco-quartier