LETTRE OUVERTE AUX ÉLUS MUNICIPAUX DE SAINT-OUEN
Mesdames, Messieurs,
Vous vous apprêtez, lundi 26 janvier 2009, à délibérer en Conseil municipal de la révision du Plan local d’urbanisme (PLU) qui fixera, notamment, les paramètres essentiels du projet des Docks.
Ce PLU révisé se présente comme légitimé par la concertation citoyenne. Ainsi, dans la dernière édition, largement diffusée, du Journal des Docks (n° 6, janvier 2009, p 5), on affirme que « les habitants » seraient « garants de la feuille de route » du projet des Docks.
Convergence citoyenne et ACQSO, associations citoyennes dont les membres ont participé activement aux réunions du Pôle Citoyen des Docks, se réjouiraient naturellement d’être « co-créateurs » d’un futur quartier qui, pour citer Monsieur Planque (1er adjoint chargé de l’urbanisme) « tienne toutes ses promesses ».
Force est de constater que, pour l’instant, il n’en est rien.
Ni nos deux associations, ni les autres citoyens audoniens mobilisés sur ces questions, ne peuvent être considérés comme « garants » de quoi que ce soit.
Au vu des défaillances d’une concertation en trompe-l’œil, au vu des problèmes de fond qui restent entiers dans le projet des Docks, l’urgence n’est pas d’adopter un PLU révisé qui fige précisément les questions qui devraient rester ouvertes.
L’urgence est le report du vote, afin d’ouvrir un véritable dialogue avec la population et également d’étudier en détails les impacts environnementaux et sociaux qu’ouvre cette modification du PLU : possibilité de construire des immeubles de grandes hauteurs (50 mètres) à Saint-Ouen.
S’agissant de la démarche participative, le Pôle Citoyen est un acquis, mais il ne tient pas (encore) ses promesses :
- ses ordres du jour et ses comptes-rendus sont sommaires ou inexistants ;
- ses documents de travail sont insuffisamment diffusés ;
- sa logique d’information, uniquement descendante, avec des intervenants externes souvent mal identifiés, prime sur une véritable logique de participation, qui sup-po-serait une place bien plus grande pour le débat citoyen ;
- le Pôle citoyen n’a guère la possibilité de se saisir de questions essentielles, par exemple celle du PLU.
Monsieur Planque déclare, dans le Journal des Docks, que la concertation va se poursuivre. Mais pour qu’elle fonctionne, il faut que les modalités évoluent : par un meilleur fonctionnement du Pôle Citoyen, mais aussi par l’intégration des grandes questions d’aménagement urbain dans les autres démarches participatives.
Ainsi, comment imaginer des « Dialogues pour Saint-Ouen » où l’on ne parle pas du plus grand projet qui touche l’avenir de la Ville ?
On pourrait rêver que, malgré les limites de la concertation actuelle, un bon projet des Docks voie le jour. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Nombre d’aspects en posent encore problème et nous préoccupent au plus haut point :
- les enjeux de santé publique liés à l’incinérateur et à la pollution des sols ne sont ni suffisamment pris en compte, ni expliqués avec transparence sur la base d’études publiques ;
- les principaux choix d’aménagement (hauteur des bâtiments, « densité »…) paraissent échapper à la concertation, alors même qu’ils ne sont ni évidents ni consensuels ;
- malgré la référence rhétorique à un « éco-quartier », les questions environnementales (qualité du bâti, consommation énergétique, espaces verts…) semblent négligées ;
- la question essentielle des transports (métro, RD1, bus, circulations douces…) n’est pas véritablement intégrée dans le projet d’ensemble.
Procédure à améliorer, projet à débattre, avenir de Saint-Ouen en jeu : est-ce que ce ne sont pas des raisons suffisantes de ne pas se précipiter ?
En effet, comme le dit à juste titre Monsieur Planque, l’intervention des habitants « sera décisive pour que le futur quartier tienne toutes ses promesses ».
Nous vous appelons, au nom même des principes affirmés dans le n° 6 du Journal des Docks, à surseoir à l’adoption du PLU révisé. Cela peut attendre ; cela doit attendre.
Ce qui doit maintenant s’ouvrir, c’est une vraie phase de concertation sur une base véritablement participative. Celle-ci doit inclure tous les Audoniens, par le biais du Pôle Citoyen des Docks, bien sûr, mais aussi de tous les autres processus participatifs en gestation ou à inventer.
Vous l’avez compris, les citoyens audoniens ne demandent qu’à être « garants » de l’élaboration des nouveaux projets urbains, à la seule condition que les moyens leur en soient donnés.
Veuillez agréer, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux, l’expression de nos salutations citoyennes.
© Rédactionnel bureau ACQSO
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